- FIDJI (ARCHIPEL DES)
- FIDJI (ARCHIPEL DES)FIDJI ARCHIPEL DESD’origine volcanique et corallienne, les îles Fidji se composent principalement de quatre «grandes terres» (Viti Levu, Vanua Levu, Taveuni et Kandavu) et d’une floraison de plusieurs centaines de petites îles et d’îlots. L’ensemble de l’archipel représente 18 274 kilomètres carrés, et la population en 1992 s’élevait à 748 000 habitants; les deux îles principales de Viti Levu (10 938 km2) et de Vanua Levu (5 538 km2) regroupent à elles seules plus de 90 p. 100 de la population. Colonie britannique de 1874 à 1970, les îles Fidji furent considérées comme le fleuron de l’Empire colonial anglais dans le Pacifique Sud. Suva, leur capitale, servait également de centre administratif et politique pour l’ensemble de l’Océanie sous influence britannique, rôle qu’elle conserva et, dans une certaine mesure, continue encore de jouer après l’indépendance de l’archipel. La plupart des institutions régionales ou internationales s’intéressant au Pacifique y ont leur siège, ainsi que l’University of the South Pacific dont la vocation est d’offrir une structure universitaire décentralisée ouverte à tous les États océaniens. C’est dans cette université qu’a vu le jour la rhétorique du Pacific Way et qu’une certaine idéologie sur la spécificité culturelle et historique des nations du Pacifique Sud s’est diffusée, servant de pacte fondateur à leur communauté.La nation fidjienne est cosmopolite. L’administration coloniale britannique importa en effet une main-d’œuvre d’origine indienne dont les premiers éléments arrivèrent en 1879 et se succédèrent ensuite à raison de deux mille personnes par an jusqu’en 1916. Le but était de fournir des travailleurs réguliers aux plantations de canne à sucre, pour la plupart contrôlées par la Colonial Sugar Rafinery, et de suppléer ainsi aux carences d’une main-d’œuvre locale qui ne semblait guère attirée par ce type de travail. À l’expiration de leurs contrats de travail, plus de la moitié des travailleurs indiens qui venaient de régions très pauvres choisirent de rester sur place comme travailleurs ou fermiers indépendants, encouragés dans ce choix par l’administration britannique.Cette communauté indo-fidjienne s’est rapidement développée et est comparable en chiffres absolus à la communauté proprement fidjienne d’origine mélanésienne: 46,6 p. 100 d’Indiens pour 48,5 p. 100 de Fidjiens en 1993 (après le coup d’État de 1987, l’émigration d’une partie de la population d’origine indienne a modifié le rapport, qui lui était favorable: 50 p. 100 d’Indiens pour 45 p. 100 de Fidjiens en 1984). Consciente des risques que pouvait comporter pour la communauté autochtone une masse trop forte de travailleurs indiens, l’administration britannique s’était efforcée parallèlement de protéger les Fidjiens, notamment en empêchant l’aliénation des terres claniques. À la fin des années 1980, on pouvait considérer que si 90 p. 100 du sucre produit par le pays — c’est là son principal article d’exportation — était le fruit du travail «indien», 80 p. 100 du sol restait en revanche propriété des communautés d’origine mélanésienne. De même, l’armée, l’administration et le pouvoir politique appartiennent en grande partie à des éléments proprement fidjiens.Cette situation qui accordait en quelque sorte le pouvoir économique aux Indiens et réservait le pouvoir politique aux Fidjiens a prévalu jusqu’aux élections de 1987, où un nouveau parti politique travailliste, dirigé par Timoci Bavadra, leader fidjien mais largement soutenu par la communauté d’origine indienne, emporta la majorité des sièges du Parlement, mettant ainsi fin provisoirement au long règne de sir Ratu Kamisese Mara, leader de l’Alliance Party, au pouvoir depuis l’indépendance. La crainte que le nouveau pouvoir du Labor Party ne change la Constitution au profit d’une autre répartition des droits et pouvoirs entre Indiens et Fidjiens a servi de prétexte au coup d’État militaire de mai 1987, dirigé par le colonel Rabuka.Le coup d’État fidjien a éclaté comme un coup de tonnerre dans le ciel jusqu’alors plus serein du Pacifique, où l’opinion n’était pas très habituée à ce genre de pratiques, et suscité la profonde désapprobation des gouvernements britannique, australien et néo-zélandais. La nouvelle Constitution, qui vise au renforcement définitif du pouvoir de la communauté fidjienne, est entrée en vigueur en 1990. Réagissant aux critiques du monde anglo-saxon, le colonel Rabuka a par ailleurs quitté de facto le Commonwealth et proclamé le 6 octobre 1987 la république. Un certain fondamentalisme coutumier (accroissement du pouvoir des chefs traditionnels) et religieux (influence marquée des Églises protestantes fidjiennes, notamment méthodistes) semblait être l’orientation dominante du régime, par ailleurs très marqué par son origine militaire et soucieux de préserver l’identité fidjienne de la nation. En mai 1992, les élections ont ramené les civils au pouvoir.L’économie fidjienne repose depuis longtemps presque exclusivement sur le sucre (442 000 t produites et exportées en 1993), mais le tourisme s’impose peu à peu comme la deuxième source de revenus (223 millions de dollars de recettes en 1992). Un net effort de diversification de l’économie a encore été opéré grâce à l’essor de nouvelles cultures (riziculture, gingembre...) et par le développement d’industries de transformation et l’exploitation de mines d’or. La croissance économique a été ralentie, au cours des années 1980, par un déficit commercial important, partiellement comblé par les revenus touristiques. Toutefois, l’économie fidjienne est toujours considérée comme la plus moderne et la plus développée parmi celles des États du Pacifique Sud.
Encyclopédie Universelle. 2012.